UBS Rhône Genève
Rénovations
Rénovations
HISTORIQUE / SITUATION
Façades et immeubles classés. A la fin du XIXe siècle, la rue du Rhône était encore un lieu populaire. On y trouvait de grandes brasseries et le célèbre Hôtel de l’Écu, où trône désormais une incontournable marque de maroquinerie de luxe. Puis, au début du XXe siècle, de grands magasins, comme Les Épis d’Or et le Grand-Passage se sont installés dans le périmètre. Mais la physionomie architecturale et le tissu social de la rue ont vraiment changé durant les Trente Glorieuses qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale avec l’arrivée des bijoutiers de luxe et des banques. S’en est suivie une hausse des loyers qui ont contraint les brasseries et autres cafés-restaurants à déménager.
Assurant la gestion de son important portefeuille immobilier, UBS avait entrepris, au début des années 2000, la rénovation d’une partie des surfaces, située au numéro 8 de la rue, puis l’institution bancaire a lancé en 2009 un concours pour reprendre et étendre la rénovation. Le complexe immobilier est délimité par la rue du Rhône et la rue de la Confédération, d’une part, et par le Passage des Lions et la rue du Commerce, d’autre part. C’est le projet de Richter Dahl Rocha & Associés qui a convaincu en répondant à une combinaison d’exigences architecturales et économiques.
PROGRAMME / PROJET
Nouvelle image et sauvegarde du patrimoine. Les quatre bâtiments du complexe représentent une surface de plus de 25 000 mètres carrés qui abrite, au rez et au 1er étage, des commerces et un restaurant, puis du 2ème au 7ème étage, des surfaces administratives. Les deux plus anciens bâtiments datant de 1903 et 1906, et donnant Passage des Lions, sont rénovés: nouvelle isolation, remise aux normes, et réfection pour l’un deux de la toiture.
A l’angle de la rue de la Confédération, un cinquième immeuble, datant des années 70, sans intérêt architectural, a été démoli et remplacé par un bâtiment en béton teinté, conçu dans un alignement dont le rythme s’accorde avec les constructions anciennes du site, et assure la continuité de l’ensemble. Sa façade présente de nombreuses ouvertures, régulières, sur sept niveaux. Sur les quatre niveaux de sous-sol on trouve des commerces et des réserves, mais aussi une station de pompage des eaux du Rhône qui alimente en énergie l’îlot et d’autres immeubles du quartier, un des éléments qui a permis à l’ensemble de ces nouvelles constructions de bénéficier d’une efficience énergétique de label Minergie.
De l’autre côté, tourné vers le lac, l’ancien « palais bancaire » de 1939, habillé de pierre taillée et enrichi d’un bas-relief, dégage une allure monumentale. Avec la vigilance des experts de la Commission des monuments, de la nature et des sites, les façades classées ont été conservées, mais les structures intérieures, abîmées par les interventions précédentes successives, ont été entièrement reconstruites pour créer un espace agréable dans la cour intérieure, la volumétrie générale et les entrées de lumière ont été studieusement organisées. La façade du corps principal constitue un mur végétal.
Il est recouvert d’une discrète structure métallique équipée de bacs à plantes. La terrasse du restaurant est idéalement placée face à la verrière du passage. Les espaces de bureaux s’organisent autour de trois noyaux de circulation verticale. Les locaux sont remis bruts, à aménager au gré du loueur, mais équipés de faux planchers techniques et de plafonds actifs, qui chauffent ou rafraîchissent. Les étages supérieurs et les attiques profitent d’une remarquable vue sur la Rade.
En 2015, après trois années de chantier, UBS a vendu ses immeubles l’assureur Swisslife pour 535 millions de francs. La grande librairie Payot a pu ouvrir ses portes sur 1 800 mètres carrés rue de la Confédération ainsi que les locataires existants tels que Kookaï, Marionnaud, Maison du Tricot et la bijouterie Simeto, sans oublier la nouvelle zone 24h de UBS.
Plusieurs rues de ce quartier doivent prochainement devenir piétonnes, après confirmation des études engagées par la ville de Genève.
REALISATION
Déconstruire, maintenir, reconstruire. La partie de façade ancienne a été maintenue sur cinq niveaux grâce à des éléments de charpente métallique. Le corps du bâtiment est monté avec des éléments préfabriqués de façade sandwich en béton teinté, avec une structure poteaux-dalle en béton armé. L’isolation du bâti historique, avec des triples vitrages et des bois avec croisillons, est réalisée à l’identique de l’ancien, avec ses gardes-corps en ferronnerie, sablés, restaurés puis remis en place. Au passage des Lions, pour renforcer le verre et le mettre au norme, tout en conservant l’esthétique initiale, les artisans ont créé un verre étiré et flouté, reproduisant les défauts visuels des verres artisanaux d’autrefois.
Au sol un élégant revêtement Terrazzo, composé d’un concassé de marbre, est enrichi de mosaïques. Pour retrouver le profilé des façades afin d’installer les vitrines des arcades dans le passage, avec le brevet et la certification, les constructeurs ont cherché leur acier aux Pays-Bas.
Quant au choix du matériau, c’est le BFUP (béton fibré à ultra hautes performances) présentant la meilleure portance avec une grande finesse, qui a été choisi pour renforcer les dalles du bâti ancien.
Les principaux défis du chantier, directement liés aux contraintes du lieu, situé dans l’hypercentre de Genève, ont consisté à démonter avec des micro-machines et à déconstruire par sciage en évacuant à la grue et non avec une pelle de 60 tonnes, puis à livrer les quantités de matériaux dans une enceinte de chantier très restreinte sur la rue du Commerce. Par ailleurs, la station de pompage a dû continuer à fonctionner durant les travaux. C’est surtout le corps principal, composé de deux immeubles donnant sur la rue du Commerce, qui apporte un nouveau visuel, l’architecture contemporaine s’alignant à l’architecture existante. La création d’un espace sous arcade le long de la rue du Commerce en assurant la liaison couverte avec le passage des Lions a réhabilité des lieu jusqu’alors peu engageants. Ces travaux ont rendu une cohérence esthétique à l’ensemble de l’îlot des cinq immeubles.