Le Château de Crissier
Rénovations
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HISTOIRE DU CHÂTEAU DE CRISSIER ET DE SES DÉPENDANCES
Avant son intervention, le château de Crissier se présentait dans un état vétuste et délabré, reflétant sa dernière transformation à la fin du XIXe siècle. Cette apparence est le résultat de nombreuses modifications apportées au fil des siècles.
Construit en 1626, le château adopte dès son origine la forme d’un corps de logis rectangulaire flanqué d’une importante tour d’escalier. Bien que son apparence évolue au cours du temps, il conserve sa fonction principale: dès le XVIIe siècle, il sert de résidence secondaire combinée à un domaine agricole autonome, destiné à des propriétaires issus du milieu urbain. Au XIXe siècle, l’édifice évolue logiquement en résidence bourgeoise entourée d’un parc, après la disparition progressive des installations agricoles.
LE PROJET: RÉNOVATION, RESTAURATION, ASSAINISSEMENT ET TRANSFORMATION LOURDE
Le projet vise à rénover et transformer le château, son écurie et sa dépendance en dix appartements locatifs. Deux appartements de 5.5 pièces en simplex seront créés dans les étages du château, tandis que le rez-de-chaussée servira d’espace culturel et d’exposition pour la commune. Le parc réaménagé intégrera un chemin public permettant aux promeneurs de profiter de vues sur le patrimoine de Crissier, garantissant ainsi une mixité d’usages et de fonctions sur le site. Un appartement en duplex de 5.5 pièces sera créé dans l’écurie, tandis que la dépendance accueillera quatre duplex et deux appartements sous les toits. Une extension sur la façade nord accueillera les espaces de service nécessaires, avec un bardage en bois pré-vieilli pour préserver l’esprit originel de la ferme.
SUBSTANCE PATRIMONIALE
Le château est classé en note deux au recensement architectural du canton de Vaud, tandis que l’écurie et la dépendance sont classées en note quatre. De nombreux éléments historiques, tant dans les parties communes que dans les appartements, ont été conservés et modernisés pour répondre aux standards actuels des logements, tout en respectant le caractère et les spécificités des bâtiments. Ce travail s’est fait en concertation avec la Direction générale des immeubles et du patrimoine (DGIP). La valeur patrimoniale du site constitue un atout majeur, contribuant à l’exceptionnalité des logements. Chaque intervention a été guidée par des principes de réhabilitation, de restauration et de transformation, ajustés selon les besoins des trois bâtiments.
FAIRE ET SAVOIR-FAIRE DES ARTISANS
Le chantier a nécessité la conservation-restaurationde nombreux éléments, tels que des décors peints, boiseries, parquets, stucs, ainsi que la remise en état des fenêtres d’époque, des pierres des façades, escaliers et fontaines extérieures, et des toitures et crépis. La rénovation a également intégré des mises aux normes (sécurité incendie, thermique, acoustique et structurelle) et un renforcement des planchers. Le savoir-faire des artisans a été essentiel pour redonner vie à ce site historique.
AMÉNAGEMENTS EXTÉRIEURS À L’ÉCHELLE DU TERRITOIRE
Le château de Crissier est entouré d’une vaste campagne ceinte d’un mur, composée de champs, de vignes, de vergers et de pâtures pour chevaux, offrant un contraste avec l’urbanisation environnante. Le projet paysager s’est concentré sur la relation entre le parc et cette campagne, en s’appuyant sur des sources historiques (plans de 1884, photographies aériennes des années 1930) pour restaurer le caractère original du parc. Après des années de négligence, les premières interventions ont consisté à dégager le parc des hautes haies et des arbres spontanés, redonnant au lieu son ampleur et ses vues panoramiques sur les forêts, les montagnes savoyardes, le Jura et le lac.
ARBORISATION
Le projet a pris soin de préserver les arbres existants, qu’il s’agisse des arbres de la campagne agricole (noyer, cerisier, chêne), des conifères du XIXe siècle (séquoia, thuya, calocèdre) ou des plantations plus récentes (cyprès doré, cèdre bleu). Un défrichage sélectif a permis de mettre en valeur certains arbres, notamment des cerisiers, et de reconstituer les anciens bosquets du parc en s’appuyant sur des groupes d’érables.
INTRODUCTION D’ESSENCES D’INDIGÉNAT CLIMATIQUE
Face aux défis posés par le changement climatique, une approche pragmatique a été adoptée, élargissant la notion de plantes indigènes à celles issues de régions au climat similaire. Des espèces comme le chêne rouvre, le sorbier torminal, le tilleul et le pin sylvestre ont été introduites, tandis que des conifères adaptés aux climats secs, comme le sapin d’Espagne et le pin noir de Corse, remplacent les essences en déclin.
COUR PARTAGÉE, USAGES COLLECTIFS, SENTIER PUBLIC
Un nouveau chemin public, conçu à l’échelle du territoire communal, traverse le parc en offrant des perspectives variées sur le château et ses alentours. L’aménagement de ce lieu a été pensé pour éviter tout cloisonnement, favorisant la notion de «communs» partagés entre les dix foyers. Deux nouveaux espaces viennent enrichir la dynamique du site: une place de jeux à l’ombre d’un grand arbre et une treille bordée de potagers. Ces lieux encouragent les échanges entre résidents et favorisent une vie collective harmonieuse.
CONCLUSION
Le renouveau du parc, traversé par un chemin public et habité par de nouveaux locataires, témoigne d’une attention minutieuse portée aux qualités intrinsèques du site. Grâce à une collaboration étroite entre les architectes et la conservatrice des monuments et sites, le projet s’est ajusté tout au long du chantier pour aboutir à une harmonie entre patrimoine, usages contemporains et respect du cadre naturel.