Lotissement Feuillasse

Château, zone aéroportuaire et HLM. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le temps est passé sur le domaine de Feuillasse. Ancienne maison forte construite à la fin du Moyen Âge, le bâtiment surnommé le Château profitait d’un cadre exceptionnel de verdure jusque dans la première moitié du 20e siècle. Une nature encore présente aujourd’hui, mais fortement réduite, coincée entre l’aéroport international de Cointrin et les barres HLM de la cité satellite de Meyrin.

Louée par l’Hospice général, la vénérable bâtisse accueille des migrants depuis plusieurs années. Alors que la demande explose, l’institution entend revoir sa mission d’hébergement tout en profitant des potentialités du terrain disponible.

PROGRAMME / PROJET

Repenser un concept. Le projet mise sur un programme clair et concis, avec des objectifs simples. Au programme, des unités d’accueil neuves, rationnelles tant dans leur conception que dans leur rapport au site. L’analyse des enjeux amène les architectes à proposer deux volumes. Implantés en “L” à proximité directe du Château, ceux-ci respectent les qualités spatiales du parc, sa déclivité, ses cheminements et ses arbres. Les gabarits de R+2 n’entrent pas en conflit avec le bâtiment ancien ; les volumétries savent rester sobres; l’expression générale retenue.

Composées selon des trames différentes, les deux constructions assument pourtant un langage commun. Au total, elles proposent 106 studios, chacun équipé d’une chambre (avec armoire de rangement, installation télévisuelle TNT et détecteur de fumée), d’un local sanitaire (WC, lavabo, douche) et d’une cuisinette équipée. S’ajoute encore quelques locaux techniques et, pour le plus grand des deux volumes, un réfectoire commun de 55m2. Chaque unité de logement est indépendante, accessible par une large coursive tournant autour des façades. Automatique et centralisée, la gestion des appartements permet de mesurer les dépenses et garanti un fonctionnement aussi fiable que transparent.

Le système constructif se compose d’une structure en béton armé (dalles et murs de refend) et de “prémurs” (éléments de façades avec isolation intégrée entre deux parois de béton). Une combinaison facile à mettre en œuvre qui, couplée aux consoles isolantes des coursives, résout efficacement les problèmes de ponts thermiques. Sorte de colonne vertébrale posée sur les toitures plates, une longue gaine permet un accès direct et extérieur aux infrastructures techniques des appartements, sans justement passer par ceux-ci. Habillés de matériaux sobres et caractérisés par une gamme chromatique discrète à peine ponctuée de vert, ces deux prismes épurés tissent un lien contemporain avec le bâti ancien existant et la nature environnante.

Constructions aux lignes claires et aux ouvertures parfaitement rythmées, les volumes se sont insérés en moins de onze mois dans un paysage encore bien préservé. Parfaitement maîtrisée jusque dans sa gestion des coûts et des délais, cette opération aboutie apparaît sous le ciel de Meyrin comme le fruit d’une réflexion conjuguant avec bonheur le pragmatisme et l’efficacité.